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« Eternal life is now on my trail
Got my red glitter coffin, man
Just need one last nail
While all these ugly gentlemen play out their foolish games
There's a flaming red horizon that screams our names
And as your fantasies are broken in two
Did you really think this bloody road would pave the way for you?
You better turn around
And blow your kiss hello to life eternal, Angel »

L'I-Pod de Faith faisait raisonner les mots de Jeff Buckley dans le gymnase. Elle, elle dessinait. Il devait bien être huit heures du soir; il semblait faire déjà nuit dehors. En réalité, la blonde n'en n'avait aucune idée et ne comptait pas regarder sa montre avant de s'être ressourcée un minimum. L'entrainement des cheerleaders devait être fini depuis une demi heure. Ils avaient pris une douche et chacun était reparti en jacassant, faisant raisonner leurs paroles dans le gymnase avant de ne faire partager leurs potins aux fantômes des couloirs du lycée. Elle, elle s'était installée dans les gradins. Elle s'était rhabillée tellement vite qu'elle sentait ses longs cheveux détachés perdre des gouttes d'eau gelée qui venaient se glisser dans son dos. Son jean lui collait à la peau et elle sentait des frissons parcourir son corps. Mais elle s'en moquait. Elle était seule dans le gymnase. Avec Buckley dans les oreilles, et l'immensité et le calme du gymnase pour la calmer de cette journée. A cette heure ci, tout le monde devait probablement être rentrée chez lui. C'est ce qu'elle espérait. En tout cas, que personne ne retrouve la pauvre Faith et ne la juge encore et encore. Parce qu'elle était seule, mais cette fois ci, par choix. Parce que la pauvre ne semblait avoir guère que son dessin dans la vie. Elle avait déjeuné avec Lana et Curtis ce jour là, et avait passé avec eux un bon moment. La journée avait été dure par le nombre d'heures, mais aussi remplie de quelques surprises, dont ce déjeuner avec ses jumeaux favoris.

Bref. La blonde releva la tête de son dessin, l'espace de quelques instants, pour observer le ciel sombre à travers les vitres du gymnase. Oui, il faisait nuit. Sa mère s'inquiétait probablement pour elle, mais ici elle était mieux. Personne pour l'interroger sur sa journée. Elle savait que ça partait d'une bonne intention, mais à force, la seule réponse qui venait à Faith était « bien » et elle s'enfuyait dans sa chambre. Mais là encore, elle n'était jamais réellement tranquille. Alors, elle profitait d'un gymnase déserté pour passer un peu de temps seule, tranquille. Faith posa son crayon à côté d'elle, sur le gradin. Le dessin sur ses genoux était pratiquement achevé. Il la représentait elle en train de dessiner ce dessin justement. Elle, narcissique? Loin de là. Le dessin était juste interessant, puisqu'il semblait se répéter à l'infini sur ses genoux. Elle entendit soudain des bruits de pas raisonner dans le gymnase. Surprise, elle sursauta, et son bloc de dessin tomba dans un fracas à ses pieds. L'I-Pod continuait de hurler la chanson de Jeff Buckley à travers ses écouteurs, à côté d'elle. Oui, ce n'était pas très intelligent de laisser la lumière allumée...

Quelques bruits de pas qui provoquèrent le sursaut de Faith. Son bloc de croquis tomba à ses pieds sans même qu'elle ne cherche à le ramasser dans l'immédiat. Il ne pourrait guère tomber plus bas. Plutôt curieuse, elle guetta plutôt discrètement la porte d'entrée du gymnase, essayant de distinguer la personne qui était assez folle - autant qu'elle - pour être au lycée à cette heure-ci. Mais ce fut une recherche vaine puisque, bientôt, les néons éclairant la grande salle s'éteignirent dans un bruit lugubre, un « clac » digne de fims d'horreurs. La dite personne, qu'elle crut vaguement reconnaitre comme étant un des garçons les plus populaires de l'équipe de foot, referma la porte qui, à son tour, émit un grincement sonore peu rassurant. Ils n'étaient désormais éclairés que par les rayons de la lune qui filtraient par les grandes fenêtres du gymnase, n'entendant que la pluie qui tombait dehors, et Faith ayant pour fond sonore un Jeff Buckley qui continuait à prôner l'éternelle vie raisonante dans la vaste salle.

La voix de Jack Wagner raisonna alors dans le grand gymnase.

« Tu n'as jamais rêvé de faire ça dans le noir, avec un parfait inconnu? »

Faith haussa un sourcil. Elle aurait pu se demander ce qui se passait, mais la réputation de Jack le précédait de loin. Par contre, pas la sienne apparement, ce qui n'était pas plus mal. Rien que cette phrase lui remémora toutes ces fois où, trop jeune, trop peu consciente, avait couché avec des garçons, pour la plupart plus agés qu'elle, qu'elle ne connaissait pas. Et non, coucher avec eux était loin d'avoir été la meilleure chose qu'elle ait accomplie. C'était même une des raisons de sa tentative de suicide. Maintenant, elle voyait le sexe comme quelque chose de bien différent. Elle le liait à ce que certains appelaient d'une manière utopique l' « Amour ». Et, pour se rassurer, elle aussi se mettait à y croire, à ce putain d'amour. Mais jamais plus elle ne coucherait comme ça, juste pour coucher. Avec de parfaits inconnus. Ca faisait maintenant partie de son passé, pourquoi tout remettre sur le tapis, maintenant qu'elle tournait la page? Serait-elle assez forte pour faire face à ces choses qui lui arrivaient en pleine figure?

« Si jte dis, non, t'es vexé? » répondit-elle alors calmement et un peu froidement, haussant les sourcils. Sa voix raisonnait dans la pénombre, comme chacun des pas que le jeune homme faisait pour se rapprocher d'elle. Tandis qu'il avançait sur le parquet du gymnase, sa silhouette se détachait dans les rayons de lunes, laissant apparaitre une ombre sur le sol. Faith le regardait avancer, réticente. C'était vraiment son but, coucher avec elle, une pauvre suicidaire, inconnue du grand monde, dans un gymnase miteux, un soir de pleine lune? Chacun ses fantasmes, pensa-t-elle. Son regard était très significatif mais malheureusement invisible avec le peu de lumière qui les éclairait. C'était un regard qui voulait dire « Qu'est-ce que tu fous là? » ; « Qu'est-ce que tu me veux? ». Elle fronçait les sourcils assez explicitement, mais que pouvait-t-elle faire?

Il était arrivé à son niveau après avoir lentement monté les marches des gradins le menant jusqu'à elle. Il ramassa le pauvre bloc de dessin tombé à terre quelques instants plus tôt et ôta ses écouteurs doucement. Faith fit un geste d'agacement en éloignant son visage des mains du jeune homme et éteignit son I-Pod, arrêtant le chanteur dans ses belles paroles.

« Bonsoir Faith. »

Elle fronça encore davantage les sourcils, autant que cela était possible. Quoi, il connaissait son nom? Quoiqu'elle était une cheerleader, il devait connaitre chacune d'elle, avoir des plans personnalisés quant à la manière à adopter pour les rajouter à son tableau de chasse. A ces deux mots, Faith se contenta seulement de relever le visage vers le brun, interrogatrice.

« Tu attends quelqu'un ? »
« Non j'attendais personne, même pas toi. » Elle reprit son bloc d'un geste vif et le fourra dans son sac. Que faisait-elle là? A noter : le gymnase n'était pas un lieu très fréquentable le soir. Elle prit son crayon de papier qu'elle avait posé à côté d'elle et le fourra également dans son sac sans même chercher à le ranger dans sa trousse. Elle fit de même avec son I-Pod dont elle enroula nerveusement les fils autour de l'appareil. Que lui voulait-il?

« Bon... » commença-t-elle en se levant et en prenant son sac, frissonant en sentant encore quelques gouttes d'eau froide glisser sur sa nuque. « C'est pas tout ça, mais si tu comptes m'ajouter à tes conquêtes je vais y aller... » Non, elle n'était pas comme ça. Elle n'était plus comme ça. Elle ne pouvait pas se laisser faire. En plus, elle était sobre. Elle ne pourrait pas mettre son éventuelle rechute sur le compte d'une quelconque substance illicite, non. Et puis Jack avait beau être un des gars les plus charismatiques du lycée, elle ne pouvait pas coucher avec, elle ne voulait simplement pas. Oui, ce putain d'amour, elle s'était mise en tête qu'il devait exister. Alors coucher avec un parfait inconnu qui ne fait qu'enchainer les jeunes filles n'était pas au programme.

HJ : Désolée, mes messages sont assez pitoyables comparés au tien