La vie est faite de tout petit rien {pv}

« Hey ma poupée, tu ne restes pas un peu ? »
« J’ai mieux à faire. Et évites de m’appeler ainsi enfin… c’est pour toi. » Une menace à demi-volée répliqué, Karly attrapa avec succès sa deuxième chaussure qui avait roulé plus loin. « Oh allez… » Mais Rupert n’eut pas le temps d’en dire plus que la jeune fille l’envoya bouler verbalement et physiquement, une fois de plus. « Ne m’oblige pas à t’assommer avec une lampe. Je te l’ai dis, je ne suis venue que pour une chose. » Comme pour illustrer ses dires, elle se releva pour prendre l’appareil numérique qui trainait sur un bureau. Le faisant tourner entre ses mains, elle se retourna pour prendre en photo un petit ami bien versatile envers sa copine. Bien charmant mais tout aussi manipulateur qu’elle. Quand on vous dit qu’un homme ca parle beaucoup à tête reposée, ce n’est pas qu’un mythe. « En souvenir » Ou alors en gagne d’appui contre tout chantage. Une preuve. Une sécurité de garder le secret. Attrapant sa veste et son sac, elle claqua la porte derrière elle tout comme elle terminait ce passage fugace d’une vie.

Néanmoins, le jeune homme avait une tête des plus étonnées, croyant fermement qu’elle s’en servirait pour raconter ses déboires .Comme si elle allait faire un article sur lui. Et puis quoi encore. Cette histoire ne valait même pas la sixième page. Non, il fallait trouver mieux. Bien plus grand. Ou alors bien plus trash. Les premières pages ne sautaient pas tout seul devant vos yeux malheureusement et Karly se voyait très mal faire un article sur les haricots beurres de couleur plus que suspectes de la cantine. Non vraiment, faire un petit tour du côté des cuisines ne lui disait rien du tout. Surtout qu’avec les rumeurs qui courraient, elle n’était pas certaine d’en ressortir vivante. Cela aurait dû l’y attirer, mais non. Pas aujourd’hui. Pas cette semaine. Elle avait eu son lot d’aventure et de trash en début de semaine où malencontreusement les Hells avaient croisé un autre gang hostile. On ne peut pas plaire à tout le monde. On ne peut pas s’entendre avec tout le monde. A moins qu’on ne soit l’un de ses faux-culs. Et encore. Même ainsi, ce n’était pas possible.

Perdue dans ses pensées, la jeune fille marchait sur les allées menant au lycée, l’air un peu vague. Heureusement, ses pieds connaissaient le chemin par cœur à force d’habitude. N’avez-vous jamais fait sécher un cours d’Education civique ? D’Education civique, surtout. Comme si le simple fait de réunir plusieurs élèves ensemble autour d’un professeur allaient leurs apprendre à vivre convenablement entre eux, emplis de bons sens et de politesse. Le respect se forge. Malheureusement, il ne s’apprend plus. Pas à cet âge. Remontant l’allée, Karly repéra un brillant rose au sol. Il fallait dire qu’il jurait assez sur les dalles claires. Ramassant le dit-objet, ce dernier ne pouvait appartenir qu’à une seule personne. Brillant à paillettes et rose flash ne pouvait en signifier qu’un. Relevant les yeux, elle aperçut la personne en compagnie de différentes pompoms girls, assises sur les marches de l’entrée.

« Hey Do’ ! Tu sèmes ton attirail pour attirer tes brebis maintenant ? »

Tendant le rouge à lèvre pink qui ne pouvait appartenir qu’à la pompom girl, Karly ne pût s’empêcher de sourire. Dorian provoquait cet effet chez elle. Tout ce rose étalée sur lui l’avait révulsé au départ mais quand on doit côtoyer le jeune homme lors des entrainements, ses remarques et mimiques n’avaient pas tardé à déclencher un fou rire incontrôlable chez la new-yorkaise. Si bien d’ailleurs que le coach était venu voir ce qui se passait, incitant Derby et Jersey à aider leur camarade à sortir prendre l’air. Susi lui était tombée dessus dans les vestiaires et Karly était incapable – même encore aujourd’hui – de lui dire ce qui avait provoqué son hilarité. Heureusement, Dorian n’était pas des plus susceptibles de l’équipe. Notamment que cela n’avait rien de méchant. Etonnant chez McGregor.
S’asseyant sur les marches aux côtés de ce dernier, elle fit en sorte d’avoir le soleil dans le dos, la réchauffant doucement. Une main posée en arrière de son corps pour s’appuyer dessus, elle laissa son regard trainer sur les allées qui menaient à l’entrée principale du lycée. Qu’est-ce qu’elle n’aurait pas dû faire… Une grimace nette sur son visage et un léger grognement apparurent lorsqu’elle posa ses yeux sur une silhouette au loin, arborant fièrement le blouson des Knight. Cependant, la personne ressemblait plutôt à un clown qui s’était échappé du cirque le plus proche pour venir faire sa publicité dans le coin.

« Franchement, pourquoi est-ce qu’ils l’ont pris dans l’équipe ? Comme si on avait besoin d’un débile de plus… » Ne pût s’empêcher de maugréer la brunette, s’avachissant sur sa main comme si toute sa réticence l’enfonçait. Autour d’elle, on pouvait entendre différentes remarques. Certaines pompoms s’étaient mises à rire – surement parce qu’elles avaient trop peur de Karly – tandis que d’autres protestaient à voix basse. Mais la jeune fille n’en avait cure. Après tout, chacun pouvait penser et s’exprimer comme il le souhaitait et il n’était pas nouveau que McGregor n’apprécie pas Scarfo.

Non, pitié. Pas çà. Le réflexe habituel de lever les yeux au ciel fut enclenché automatiquement avant même que les rires indiscrets des pompoms de derrière ne retentissent. Ne vivaient-elles donc que pour çà ? Scarfo était pitoyable avec son clin d’œil grossier qui enchantait les langues bien pendues des étudiants de Renaissance. « Vous avez l’air de bien vous connaître, dis donc… », « Parait que Tiffany craque dessus. Elle les a espionnait la dernière fois au moment des douches. Hummm. Tu vois ce que je veux dire !» Connaissez-vous quelque chose de pire que cela ? Cependant, quelque chose de bien plus intéressant intervient, qui capta toute l’attention de la jeune brune. Un récit. Une idée. Une vengeance. Une guerre d’adolescents. Rien de plus. Rien de moins.

Cunt – Oh putain…ce type la aussi il m’a prise pour une fille…il m’a même fait du rentre dedans…Jusqu'à ce qu’il comprenne que il se plantait royalement...Les mecs sont tous trop stupides !!!! Depuis il me fuit comme la peste …Et tu me connais… Je prends un malin plaisir à tenter de le pervertir et à le faire chier…Je veux l’avoir !!! Juste pas principe et par fierté…C’est sa seule utilité…

Le coup de coude qu’elle reçut de la part de Dorian eut le don de la faire sourire. Tout comme son charmant récit. Un récit qui fit germer une idée reluisante dans sa petite tête. Ainsi, Nassim Scarfo avait tenté de séduire Dorian. Les petits nouveaux se faisaient toujours avoir. Ce qui avait le don d’amuser et d’éveiller l’appétit du jeune homme d’ailleurs. Enfin quelque chose d’intéressant à se mettre sous la dent. Tandis que les autres filles ricanaient derrière elle tout en demandant des détails plus croustillants à Dorian, Karly ne pouvait s’empêcher de réfléchir sur le compte de Scarfo. Ce n’était pas du jour même qu’elle ne pouvait sentir le petit nouveau. A vrai dire, cette animosité ne provenait pas vraiment d’elle mais le respect et le profil bas était assez appréciés lorsqu’on débarquait quelque part pour la première fois. Malheureusement pour Scarfo, il s’en était pris à la mauvaise personne et de la mauvaise façon. Comme s’il pensait qu’on pouvait juger au premier regard. On a toujours des impressions plus ou moins fortes mais c’est ce que vous faites qui influe. Vivant depuis six ans dans le quartier sud de Phoenix, les arts de la rue prenaient place dans le quotidien. Ici, beaucoup de choses fonctionnaient sur les réseaux. Du bon comme du mauvais. Pauvre Scarfo. Il n’était pas tombé le bon jour. Un doigt d’honneur qu’on embrasse avec arrogance en sa direction fut la seule marque d’intérêt qu’elle lui porta. Pour Karly, il n’avait aucun intérêt. Ni physique, ni mental. Surtout avec cette manie et cette coupe. Non sérieusement, un petit tour chez le coiffeur s’imposerait peut-être… Bien que tout ne soit qu’une question de goût. Mais on pouvait toujours critiquer ceux qu’on n’aime pas. C’est souvent çà qui est bon. Les autres, il n’y a aucune raison de le faire : à chacun ses goûts.

« C’est étrange que tu es laissé les choses trainer en longueur… » Regard défiant en biais. Après tout, ce n’était pas dans les habitudes du cheerleadeur de se retenir « Ton appétit te trahira toujours. Bien qu'on a connut mieux ! » ajouta-t-elle comme pour justifier sa première réplique.

Ouvrant son sac pour en sortir un paquet de clopes, la vue de l’appareil photo emprunté un peu plus tôt arrêta son geste en suspens. Oh oui, Karly aurait beaucoup aimé être présente lors de la tentative de Scarfo. Ne serait-ce que pour garder un sourire étincelant tout le mois durant. Ordinairement, les aventures de Dorian faisaient beaucoup de ravage. Si bien qu’elles consistaient souvent dans la moitié des ragots du lycée. Tout ce qui sortait de l’ordinaire avait le don de croustiller sous une dent. Rien de tel pour faire sourire la jeune fille tout en s’alliant à sa manie de se fourrer dans des pétrins insolites. Un sourire des plus carnassiers sur les lèvres, l’orgeuil de la jeune fille venait une fois de plus de prendre le dessus. « Et sinon… Quand est-ce que tu cuisines le coq ? J’aimerai bien voir la recette… Tu connais mes talents aux fourneaux. » Autour d’eux, les autres personnes se demandaient bien de quoi Karly pouvait parler. Depuis quand elle s’intéressait à la cuisine celle-ci ? Surtout qu’en réalité : Karly ne savait pas cuisiner. Autant ne pas lui demander de faire cuire quelque chose, elle serait capable de le rater si vous demandez trop compliqué. Vos œufs à la coque finissent généralement durs. On s’y fait à la longue. Mais quoi de mieux que de se tenir aux côtés des meilleurs pour apprendre !